top of page

Charte du collectif GED

Genèse

Depuis plusieurs mois, et en particulier depuis le mois de novembre 2021, la Guadeloupe vit sans aucun doute l’une des plus graves crises de ces dernières décennies.

Le 18 décembre 2021, une trentaine de membres de la société civile guadeloupéenne avaient lancé une pétition en ligne pour dénoncer les violences graves et répétées à l’encontre des biens et des personnels du CHU de Pointe-à-Pitre. Cette pétition a recueilli plus de 7 500 signatures ; jamais une pétition locale n’avait rassemblé autant de signataires.

Le 8 janvier 2022, les initiateurs de la pétition contre les violences au CHU avaient appelé à un rassemblement pacifique au Mémorial ACTe. Ce rassemblement a réuni plus de 600 personnes et a constitué la première forte protestation citoyenne, dénonçant le climat de terreur imposé depuis plusieurs mois par des organisations syndicales à l’ensemble de la population.

 

La question de la violence, de la loi, et de la santé étant au cœur du « contrat social », les initiateurs de ce rassemblement au Mémorial ACTe se sont ensuite réunis pour décider de créer un collectif citoyen – le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » –, dans le but d’intervenir dans l’espace public sur toute question fondamentale portant sur le « vivre-ensemble » au sein de la société guadeloupéenne.

 

En particulier, le collectif souhaite créer en son sein un laboratoire d’idées (un « think tank »), afin de contribuer au renouvellement des idées sur les problématiques et les enjeux contemporains de société.

 

 

Article 1 : Finalités du collectif citoyen

Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » est un regroupement de citoyennes et de citoyens ayant des intérêts matériels, affectifs et moraux en Guadeloupe, et qui souhaitent agir dans un cadre collectif afin de contribuer à un avenir commun pacifié, et où les différences d’origines, de genre et d’opinions apparaissent comme une richesse plutôt que comme le terreau des divisions mortifères et dangereuses.

 

Le collectif est strictement apolitique. Il se veut fondamentalement et profondément respectueux en son sein, comme dans l’espace public, des différences d’opinons religieuses, philosophiques et politiques, dès lors que l’expression de ces opinions n’est pas contraire aux droits humains fondamentaux.

 

Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » se donne avant tout pour finalités :

 

  1. De contribuer à la refondation de l’espace public en Guadeloupe.

L’espace public est ici entendu comme tous les lieux physiques et dématérialisés (médias et réseaux sociaux) qui ne relèvent pas de la sphère familiale ou privée, et où s’élaborent les débats entre simples citoyennes et citoyens, même de façon informelle. Aussi, pour que ces débats puissent permettre l’épanouissement des consciences individuelles et collectives, deux conditions nous semblent indispensables. D’une part, il nous semble absolument nécessaire que ces débats ne soient pas anonymes, et qu’ils soient aussi respectueux de la dignité des personnes, et de leurs libertés et droits fondamentaux. D’autre part, un autre principe nous semble indispensable : qu’il y ait un minimum de rationalité lors de ces débats, ce qui suppose une argumentation construite dans les propos. Afin de favoriser aussi des discussions réellement démocratiques, le respect du contradictoire est utile et constructif.

 

Ces préalables sont indispensables à l’avènement d’un véritable espace public guadeloupéen, consubstantiel de la vitalité démocratique d’un pays, et qui font souvent défaut en Guadeloupe.

 

   2. De prendre toutes les initiatives citoyennes et qu’il jugera opportunes ou nécessaires afin de promouvoir la paix civile en Guadeloupe et ce, dans le respect absolu du droit de grève constitutionnellement garanti. En effet, nous ne sommes évidemment pas opposés à l’action syndicale, bien au contraire. Nous pensons que l’action syndicale est absolument nécessaire pour l’amélioration des conditions sociales des salariés, et de la société dans son ensemble. Cependant, toute action syndicale implique une éthique syndicale qui semble parfois faire défaut. En particulier, certaines méthodes syndicales par leur excès, peuvent même s’apparenter à des actions non démocratiques, fort inquiétantes et non tolérantes, pouvant mettre à mal notre vivre-ensemble.

 

De même, si la démocratie se caractérise de plus en plus par un rôle actif et engagé d’organisations de la société civile, cette émergence utile ne doit pas s’accompagner de dévoiements des principes fondamentaux du droit public, de violences verbales, et de diffusions de fausses affirmations. Notre collectif milite pour le maintien de la rationalité et d’un discours sur la connaissance scientifique épistémologiquement cohérent au sein du débat public local.

 

Nous souhaitons travailler avec d’autres à reconstruire le dialogue social, la médiation sociale, et ainsi éviter des passages à l’acte violents qui porteraient atteinte aux biens – en particulier les biens publics – ou aux personnes.

 

    3.De promouvoir l’éthique, la solidarité et l’humanisme dans le débat public et la vie sociale et politique en Guadeloupe.

En particulier, le collectif souhaite défendre ou promouvoir au travers de ses interventions et actions publiques, certains principes et valeurs jugés essentiels, parmi lesquels :

  • La défense des libertés et droits fondamentaux, y compris le droit à la différenciation et à l’autonomie, qui ne peuvent être garantis que dans le cadre de l’État de droit ;

  • L’attachement au concept de la Relation telle que définie par l’écrivain Edouard Glissant (« la somme finie de toutes les différences du monde ») ;

  • La lutte contre le racisme, la xénophobie, le négationnisme, ainsi que toutes les formes d’exclusions et de domination ;

  • L’attachement au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ;

  • La défense du pluralisme des idées et des opinions, consubstantiel à la démocratie, dès lors qu’elles sont respectueuses de l’État de droit et de la laïcité ;

  • La défense de l’incommensurable diversité du vivant et de l’environnement.

 

Nous faisons nôtre cette idée sublime d’Edouard Glissant :

« Agis dans ton lieu, pense avec le monde. C'est cela la mondialité. Une politique du monde qui s'oppose aux aspects négatifs de la mondialisation. »

 

   4. De créer en son sein un laboratoire d’idées (Think tank), afin de contribuer au renouvellement des idées en Guadeloupe sur les problématiques et les enjeux contemporains de société, de la vie démocratique, ainsi que dans le domaine des politiques publiques.

 

En outre, le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » se réserve le droit d’intervenir à tout moment dans l’espace public, sous quelque forme que ce soit, dès lors qu’il le jugera utile, dans l’intérêt général de la Guadeloupe.

 

 

Article 2 : Organisation et fonctionnement interne du collectif

 

Organisation démocratique du collectif :

Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » n’a pas pour l’instant de statut associatif (loi 1901), mais il pourra à l’avenir évoluer vers un statut associatif si le besoin s’en fait sentir, notamment s’il apparaît nécessaire d’ester en justice sur des sujets sociétaux jugés fondamentaux.

 

Le collectif a un fonctionnement démocratique, fondé sur la liberté d’opinion de l’ensemble de ses membres. Les écrits (pétitions, appels, communiqués, …) de même que les actions publiques du collectif sont décidés par consensus ou par compromis, à l’issue d’échanges et de débats en son sein.

 

Le « Bureau exécutif » :

Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » s’appuie dans son fonctionnement sur un « bureau exécutif » constitué des membres cofondateurs du collectif. Outre les membres cofondateurs, il pourra être décidé à tout moment, par consensus ou compromis, d’intégrer dans le bureau exécutif de nouveaux membres partageant les principes et les objectifs de la présente charte, et souhaitant avoir un rôle actif au sein du collectif.  

 

Le bureau exécutif est automatiquement saisi ou s’autosaisit :

  • de tout projet préalable d’écrits qui seraient signés au nom du collectif, ou encore de projets d’actions et d’interventions publiques au nom du collectif ;

  • de toute nouvelle demande d’adhésion au sein du collectif, afin de vérifier, dans le strict respect de la personne humaine et de ses libertés et droits fondamentaux, que cette adhésion ne serait pas contraire aux principes fondateurs, ni à l’éthique du collectif ;

  • de tout litige qui interviendrait entre membres du collectif, ou de toute difficulté liée à l’organisation et au fonctionnement du collectif.

 

La liberté d’expression des membres du collectif :

La liberté d’expression au sein du collectif est totale, dès lors qu’elle demeure profondément respectueuse de la personne humaine.

 

Néanmoins, toute intervention dans la presse ou  les médias de l’un des membres du collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie », et qui serait réalisée au nom du collectif ou mentionnant l’appartenance au collectif, doit préalablement faire l’objet d’un consensus ou d’un compromis au sein du bureau exécutif. Nonobstant cette précision, la liberté d’expression individuelle de tous les membres du collectif est totale dans l’espace public et sur les médias, dès lors qu’elle s’effectue en son nom propre et n’engage en aucun cas le collectif.

 

L’adhésion au collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » :

N’importe quelle citoyenne ou citoyen ayant des intérêts matériels, affectifs et moraux en Guadeloupe, qu’elle ou il réside ou pas dans l’archipel, peut demander à adhérer au collectif, dès lors qu’elle ou il partage les principes éthiques ainsi que l’organisation du collectif, explicités dans la présente charte.

 

Les demandes d’adhésion sont étudiées par le bureau exécutif, qui vérifie simplement que cette adhésion ne contrevient pas aux principes fondateurs, ni à l’éthique du collectif.

 

Toute décision de refus d’une adhésion se fait par consensus au sein du bureau exécutif. Dans ce cas, le demandeur en est informé.

 

Le bureau exécutif peut en outre décider par consensus de retirer l’adhésion à un membre du collectif, quel qu’il soit, dès lors que de par ses actions ou ses prises de positions publiques, celui-ci porterait gravement atteinte et de façon rédhibitoire à l’éthique du collectif.

 

 

Article 3 : visibilité et actions du collectif

 

Visibilité du collectif :

Le collectif « Guadeloupe, éthique et démocratie » dispose d’un logo spécifique qu’il utilise sur tous ses supports de communication. Nul ne peut utiliser ce logo à d’autres fins que celles visant à la communication du collectif.

 

Tout membre du collectif, ou toute personne extérieure qui souhaiterait utiliser ce logo sur des supports de communication dans l’intérêt supposé du collectif, doit préalablement en informer le bureau.

 

Le collectif dispose d’une adresse mail générique qu’il utilise pour ses communications internes ou externes. Cette adresse est la suivante : collectifGED@gmail.com

Les membres désignés  ont la responsabilité de la gestion de cette adresse.

 

Le collectif dispose d’une page Facebook ainsi que d’un groupe Whatsapp, constitué de l’ensemble des membres du collectif (l’appartenance au groupe Whatsapp se fait bien entendu sur la base de l’accord préalable des participants). Les administratrices et administrateurs de ces réseaux sociaux sont choisis parmi les membres du collectif, par consensus.

 

Le collectif a en outre pour ambition de créer un site Internet sur lequel sera indiquée l’actualité des actions et interventions publiques du collectif. Ce site Internet pourra à terme abriter des analyses sociétales sur la Guadeloupe dans le but de nourrir la réflexion et le débat au sein de la société civile.

Le cas échéant, un forum interactif, mais règlementé, pourra être constitué sur ce site Internet.

 

Actions du collectif :

Le collectif peut décider de toute action publique qu’il juge nécessaire, dès lors que cela fait l’objet d’un compromis, à l’issue d’un débat entre ses membres.

Parmi les actions possibles, non exhaustives :

  • Communiqués, pétitions, lettre ouvertes ou appels citoyens ;

  • Ateliers de réflexion et de construction du commun ;

  • Rassemblements et marches pacifiques, de même que toute forme d’action citoyenne permettant de fédérer un grand nombre de citoyennes et citoyens autour de causes communes ;

  • Séminaires ou colloques ;

  • Toute autre forme d’action innovante.
     

 

Les membres cofondateurs du collectif du 8 janvier 2022, « Guadeloupe, éthique et démocratie » :

Tony ALBINA, Jenner BEDMINSTER, Marcel BRIDE, Elyzabeth CHOMEREAU-LAMOTTE, David DAHOMAY, Jacky DAHOMAY, Sonia DERIAU-REINE, Michel EYNAUD, Jan-Marc FERLY, Béatrice IBENE, Bruno JOFA, Olivier LABOISSIERE, Nicole LORI-DELFOLIE, Viviane MELYON-DEFRANCE, Rosan MONZA, Jacques PAUL, Pierre REINETTE, Christian SAAD, Carole VENUTOLO, Georges VILA.

 

Guadeloupe, Le 18 février 2022.

bottom of page